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DESCHAMPS Catherine

Membre-Associé

Directeur(s) de thèse
Sujet de thèse

Formation

Maître Assistante en SHS à l'ENSAPVS.

Docteure en Anthropologie sociale (EHESS-Paris)

HDR en sociologie (Université Paris-Nanterre)

 

Collaborations externes :

Avec le Groupe de Recherche Lasco, Sophiapol (EA 3932), chercheuse associée, Université Paris-Nanterre.

Avec ICT, chercheuse associée, Université Paris-Diderot.

Thème de recherche

Activités de recherche en cours au sein de l’EVCAU (ENSAPVS) :


Trois recherches en cours, la première conduite seule, la deuxième en collaboration inter-établissements (ENSA Belleville et Normandie, Université Vincennes à Saint-Denis), ainsi que la troisième (ENSA Lille et Normandie, Université Paris-Diderot). La deuxième recherche est financée par le PUCA et constitue une des équipes de l'ANR « Babel » dirigée par Michel Agier. La troisième bénéficie du soutien de l'Assistance Publique Hôpitaux de Paris (APHP). 


  •  Articuler temporalité et spatialité : les nuits urbaines


Cette recherche, débutée fin 2015, s’inscrit dans la continuité de la précédente, qui portait sur l’usage et les pratiques liés au genre dans les espaces publics parisiens. La présente étude opère un double déplacement. Quittant le seul intérêt pour un « droit à la ville » (Lefebvre) variable selon le sexe des protagonistes, elle questionne ce que Danièle Kergoat nomme « intersectionnalité » ou co-production des rapports de pouvoir (sexe, classe, « race », âge, état de santé, etc). Surtout, elle pose au centre de l’attention un petit fragment de ville, en l’occurrence une rue du quartier des Epinettes à Paris, avant de poser un segment de la population. Sans verser dans le spatialisme, il s’agit de comprendre le potentiel de conditionnement d’un lieu et de ses espaces sur l’ensemble et la variété des personnes qui l’occupent et en usent. La recherche vise également à mieux saisir ce que font les temporalités, notamment nocturnes, aux possibilités d’agir et de paraître dans la rue. Son ambition est de contribuer au développement de la sociologie ou anthropologie de la nuit urbaine. Elle s'inscrit à l'articulation de deux des axes de recherche d'EVCAU : « Architecture et santé » et « Modèles et temporalités ».


  • Réduire les vulnérabilités : exil, hospitalité et urbanité


Les données de l’INED et notamment les travaux de François Héran montrent que la France, à l’inverse d’autres pays d’Europe, est depuis le XIXe siècle un pays familier des « migrations ordinaires » alors qu’elle paraît démunie devant les arrivées « extraordinaires », comme en 1962 après la guerre d’Algérie ou plus récemment, suite au conflit syrien. La Mairie de Paris a décidé d’ouvrir à l’automne 2016 un « centre humanitaire » (sa terminologie) boulevard Ney pour accueillir les hommes exilés célibataires ou prétendus tels. Cette décision entrouvre les portes de l’hospitalité en situation d’afflux massif. En lien avec les préfectures de province, le projet parisien propose à qui pourra prétendre à l’asile un accompagnement progressif vers un projet de vie construit et plus stable. Cette seconde hospitalité enclenche un mouvement d’affiliations et ouvre la perspective de nouveaux espaces de vie. Notre recherche propose de décrypter le maillage de services, de protections et de lieux mis à disposition qui conduiront à des installations durables. A condition d’entendre ce que souhaite les demandeurs d’asile. Comment pensent-ils leur « carrière » (Becker) de réfugié, dans quelles spatialités ? Nous décomposerons les facteurs de l’installation, leurs forces à produire des formes d'appropriation, de liens forts ou faibles avec la ville d’accueil et ses habitants, et chercherons à comprendre comment ces facteurs remodèlent les urbanités. Cette enquête voit collaborer trois ENSA (Val-de-Seine, Belleville, Normandie) et l’Université Paris Saint-Denis. Elle rassemble trois sociologues et une anthropologue (moi-même) et s’établit en dialogue avec des architectes, tel Julien Beller, sensibles à l’habitat des plus précaires et aux aménagements susceptibles de l’améliorer. Elle bénéficie du soutien du PUCA et s'inscrit dans l'ANR « Babel », dirigée par Michel Agier. Au sein d'EVCAU, elle est attachée à l'axe « Architecture et santé ». 


  • Développer le souci des autres : santé, architecture et projet urbain


Ce projet est l’occasion de valoriser des partenariats établis depuis 2014 entre des enseignants-chercheurs de l’ENSAPVS et les Hôpitaux Universitaires Nord de Paris Val de Seine (Université Paris-Diderot), où seront, d’ici 2025, déplacés les hôpitaux Beaujon et Bichat. Il vise à consolider et élargir les réflexions déjà initiées, portant sur les enjeux sociaux, économiques, architecturaux et médicaux qu’impliquent d’une part leur déplacement, d’autre part la transformation de leur existant. De manière opérationnelle, il s’agira à terme de proposer des scénarios dont pourront s’emparer les futures maîtrises d’ouvrage. Des observations in situ d’environnements hospitaliers récemment transformés, facilitées par l’engagement de chercheurs des ENSA de Normandie et de Lille dans la recherche, permettront de tirer des enseignements applicables aux hôpitaux Nord de Paris. L’ambition est de penser les recyclages, reconversions et restaurations des édifices de soins du XXe siècle au plus près des enjeux contemporains de santé du XXIe siècle. Nous postulons que ces enjeux de santé et de transformation des architectures hospitalières sont matières à projet pour la ville durable de demain. Plus encore, nous faisons l’hypothèse que la transformation des équipements de soins peut être un banc d’essai pour proposer d’autres équipements ou ensembles architecturaux. Cette proposition de recherche rassemble des architectes (Donato Severo, Xavier Dousson), des sociologues ou anthropologues (Bruno Proth et moi-même), une paysagiste (Sylvie Salles), une théoricienne de l’esthétique (Catherine Grout), des doctorants et de nombreux partenaires institutionnels, en particulier l’Université Paris-Diderot. Elle a pour mission non seulement le renforcement de l’axe « architecture, ville et santé » au sein de l’EVCAU (laboratoire de l’ENSAPVS) et l’installation d’un séminaire doctoral dédié, mais aussi la constitution d’un réseau inter-ENSA visant une implication plus forte des architectes et futurs architectes dans les questions de santé. Cette recherche bénéficie d’ores et déjà du soutien financier de l’APHP pour une bourse doctorale attribuée à Lila Bonneau, sous la direction conjointe de Donato Severo et moi-même au sein de l’ED 382 de l’Université Paris-Diderot. Elle s'inscrit dans l'axe de recherche EVCAU « Architecture et santé ». 

 

  • Séminaires ENSAPVS :


–    M1 : « Lectures de l'espace social transformés » (avec Emmanuel Choupis, architecte, et Célio Paillard, artiste).


Argumentaire :


Lectures croisées entre plusieurs disciplines et deux domaines d’étude de l'ENSAPVS (Territoires et Transformations).


Initié par une anthropologue (Catherine Deschamps), ce séminaire fait résolument le pari de l’interdisciplinarité. Dans la triade de l’anthropologue, de l’architecte (Emmanuel Choupis) et de l’artiste (Célio Paillard), des duos se forment et dialoguent, se renvoient dos à dos leurs incomplétudes, élaborent peu à peu une langue et des productions qui puissent leur être communes. Articuler leurs différentes lectures d’un espace récemment transformé est alors l’occasion de produire des analyses complexes, instables parfois, à l’image de nos sociétés contemporaines qu’aucune approche exclusive ne suffit à saisir. Positionné sur deux domaines d’étude de l’école, ce séminaire postule en outre que l’architecte de demain aura à tricoter différentes échelles dans différentes temporalités. C’est pourquoi il s’adresse autant aux étudiant-es souhaitant questionner les accroches entre les édifices et la ville alentour, qu’à celles ou ceux voulant appréhender comment ces différentes dimensions scalaires s’inscrivent à la fois dans un déjà-là et un toujours-à-venir, faits de continuités, de glissements progressifs, de ruptures, de pratiques ou d’appropriations qui s’éloignent parfois des intentions avant livraison.


L’espace social, l’espace public, l’espace physique et leurs transformations récentes


Si c’est bien la compréhension des logiques sociales qui est en jeu dans ce séminaire, c’est par l’angle de l’espace et des ambiances d’espace qu’elles seront abordées. Bien sûr, « l’espace social » des anthropologues n’est pas tout à fait l’espace physique des architectes. Mais si le premier peut se définir comme la superposition de différents « champs » (le champ du politique, de la culture, de l’économie, du monde associatif, de la santé, etc), il se manifeste toujours aussi dans le second, c’est-à-dire dans un sol, des murs, des seuils, des frontières, avec une sollicitation de différents sens, des interactions plus ou moins facilitées : c’est cette rencontre entre ces deux définitions de l’espace à laquelle nous tenterons de sensibiliser les étudiants. Appliqué à un bout de quartier précis où de nouvelles propositions sont venues s’installer sur un pré-existant, il s’agira alors de commencer à réfléchir ses composantes tant sociales que matérielles et sensibles.


Unité de lieu, unité de temps et observations répétées


C’est également le lieu qui fait lien entre les trois intervenants principaux du séminaire. Car ni pour l’anthropologie ni pour l’architecture auxquelles nous croyons, l’espace n’existe ex nihilo. Nous choisissons donc un terrain d’illustration existant pour nos enseignements : le 104 et la rue d’Aubervilliers, la « nouvelle » place de la République, le « nouveau » boulevard MacDonald à Paris, toujours des lieux récemment livrés mais prenant place sur des sites chargés d’histoire. Leur observation fine au présent, la familiarisation progressive avec ces lieux, obligent à quitter des postures de sidération. Il s’agira que les étudiant-es proposent une lecture du quartier dans sa totalité ou d’un édifice particulier, mais en le replaçant alors dans son contexte plus large d’existence. Sur place, l’observation répétée des lieux, des espaces, des femmes et des hommes qui y évoluent, des associations qui s’y réunissent, sera la méthode privilégiée pour acquérir progressivement des connaissances (ce que nous pourrions nommer un diagnostic qui, pour être social, perd ses dimensions pathologiques), une méthode que partagent dans une certaine mesure anthropologues, architectes et artistes avant de faire des propositions. Le temps long de l’observation permet les tâtonnements et les hésitations, que nous estimons constructifs : à des représentations et préjugés de départ viennent idéalement se substituer peu à peu des constats plus solides ; il s’agit bel et bien d’arriver à des analyses, par un processus où le doute a sa place. Bien sûr, d’autres méthodes que celles associées à l’observation directe, silencieuse et passive pourront permettre de recueillir des données : entretiens semi-directifs enregistrés, prises de son, films ethnographiques, implication dans des associations ou activités du quartier, etc. Dans tous les cas, les étudiants auront à se frotter aux vécus des lieux, et à revenir régulièrement sur place pour valider ou mettre à mal leurs premières impressions, pour quitter les interprétations binaires, s’approcher progressivement des terminologies descriptives et analytiques les plus adéquates. Si, dans leur future pratique professionnelle, la seule observation in situ ne leur suffira jamais tout à fait à proposer des solutions opérantes – d’autres acquisitions de connaissance, plus théoriques et abstraites, doivent venir éclairer ce qui a été vu et entendu – pour autant, nous croyons cette méthode particulièrement féconde dans l’apprentissage du dépassement et du repérage des différents prêt-à-penser.


L’œuvre originale comme forme de restitution des analyses


Régulièrement au fil des observations, des restitutions écrites et orales seront demandées aux étudiant-es. Ces restitutions seront partagées devant l’ensemble de la « classe » dans un souci que chacun et chacune apprennent des erreurs des uns ou des autres et observent du dedans comme du dehors le poids des représentations et des normes. Par petit groupe, les étudiants auront à choisir un sujet qui leur soit propre et qui lie questionnements sur les usages et les pratiques, les mécanismes temporels d’appropriation ou les mécanismes de contrôle ou d’autocontrôle, et l’espace. Entre la première visite in situ et la demande pour l’évaluation finale, un point commun, décliné en deux temps et deux matérialités distinctes : l’objet original. En effet, chaque étudiant devra ramener de sa première visite un objet trouvé sur place, qui pourra dans certains cas servir de trame à sa réflexion. En fin de séminaire, outre un texte substantiel explicatif de la démarche et des analyses, chaque groupe d’étudiant-e devra proposer et présenter un « objet » fabriqué par ses soins. Ce second « objet » aura à signifier au mieux à la fois son parcours physique et intellectuel sur les lieux que son analyse des articulations entre spatialité et dimensions sociales. Pour le rendu final, le terme « objet » est donc à comprendre comme « l'objet d'une recherche », c'est-à-dire la concentration d'un sujet défini et sa mise à distance dans une forme particulière. Celle-ci pourra être variée : vidéo, œuvre sonore, installation, maquette, performance, ou encore, configuration hybride et innovante – dès lors qu’elle résulte des questionnements d'une démarche et en expose les problématiques.

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