Jacques Glowinski Les clés d’une architecture; Sylvie Salles, André Del
29 mars 2017
La maison des projets (SEMAPA)
Débat animé par Mme Sylvie Salles, André Del
Jacques Glowinski
Les clés d’une architecture
Les richesses d’un dialogue. L’innovation résultant souvent de l’association de connaissances acquises dans des disciplines distinctes, Jacques Glowinski nous propose de suivre l’élaboration d’un modèle simplifié de l’architecture et du fonctionnement cérébral, puis de son application à la programmation de l’organisation spatiale et sociale d’un ensemble de bâtiments tel que celui du Collège de France et d’un campus complexe tel que celui de Saclay
Le Collège de France dans le XXIème siècle, Le cerveau-architecte Editions Michel De Maule
« Imaginer, construire : nombreux sont ceux qui se souviennent encore des concours de châteaux de sable sur la plage, des cabanes dans la forêt avec leur toiture qui laisse passer la pluie et qu’il faut sans cesse renforcer, ou encore des maquettes avec leurs innombrables pièces minutieusement collées. Pour certains, cette envie de construire n’a qu’un temps et pour d’autres, elle perdure. Architectes, ingénieurs, les métiers du bâtiment offrent une grande diversité de perspectives et d’opportunités. Et puis, il y a ceux qui ne sont pas directement acteurs, mais qui ne se lassent pas de visiter, d’admirer les nouveaux édifices : musées, palais, salles de concert, stades… en France et à l’étranger. Et qui consultent des plans et étudient les maquettes dans les expositions. Longtemps, ce fut mon cas. (…)
Isabelle, mon épouse, avait entrepris après 1968 des études d’urbanisme à l’université de Vincennes. Grace à Françoise Choay, son professeur d’histoire de l’architecture, nous avions rencontré l’architecte espagnol Ricardo Bofill, qui n’avait pas encore imaginé le quartier Antigone de Montpellier, ni présidé à la transformation de l’Arsenal de Metz en un complexe culturel. Je me souviens d’une très longue discussion lors d’un dîner : Ricardo Bofill se demandait si des liens ne pouvaient pas exister entre les processus de création architecturale et ceux intervenant dans l’organisation des réseaux neuronaux du cerveau… Nous étions également devenus très proches du brésilien Oscar Niemeyer, ce poète de l’architecture et créateur de Brasilia, invité pendant une année à Paris pour réaliser le futur siège de la Régie Renault avec Pierre Vigneron, un ami de longue date, choisi comme architecte d’exécution. Isabelle faisait partie de l’équipe constituée autour de ce vaste projet. (…).
Le modèle simplifié de l’organisation cérébrale en trois réseaux imbriqués m’a servi dans mes réflexions sur l’organisation spatiale et fonctionnelle d’un bâtiment, de groupes de bâtiments tels ceux du Collège de France, et ensuite dans des projets d’urbanisme, tel celui du campus de Saclay. (…)
Ainsi, Paris est organisée en quartiers divisés en animés par plusieurs rues de dimensions variables pouvant déboucher dans des grandes voies de communication, qui relient plusieurs quartiers et traversent parfois la totalité de la ville. Par analogie, se distinguant par leur localisation et plusieurs autres de leurs propriétés, ces quartiers peuvent être comparés aux structures cérébrales disposant chacune d’un grand nombre de circuits locaux et reliés entre elles par de grandes voies nerveuses. Trois réseaux complémentaires aux multiples relations sont présents dans Paris ou toute autre grande ville. Ces relations dépendent d’équipements ou de capteurs dont le nombre s’accroit sans cesse avec les progrès de la transmission des données.
Ainsi progressivement, le projet se développe, se corrige, se précise tout en se simplifiant. Toutes ces étapes sont intéressantes. Il s’agit de trouver la meilleure organisation spatiale pour répondre et améliorer, lorsque cela s’impose, les objectifs du programme. Il s’agit aussi de s’adapter à la diversité des questions techniques. Les solutions permettant de conserver la cohérence du projet, de faciliter la maintenance des installations et de respecter les exigences financières doivent être trouvées. Les croquis, les maquettes, les plans de détails, et les premiers choix de matériaux sont indispensables pour se représenter l’architecture intérieure et l’ambiance finale des locaux. A chacune de ces étapes, il faut éviter de revenir en arrière, toute modification ultérieure ayant souvent des conséquences financières ou allongeant la durée des travaux. (…)
Par « Grands Travaux », on entend un ensemble de chantiers à caractère culturel que lança François Mitterrand dès son élection à la présidence de la République en 1981. Certains, comme celui du Louvre, durèrent vingt ans. La création de cette mission répondait aux besoins de doter notre pays des grandes institutions culturelles lui faisant encore défaut. Enfin, pour chaque projet, il fallait répondre à une volonté de démocratisation en rendant largement accessible à tous les Français l’ensemble de notre patrimoine artistique. En pratique, la Mission avait pour fonction d’assurer le suivi du bon déroulement des projets et le respect de l’enveloppe budgétaire attribuée à chaque projet _ dont certains avaient été engagés sous le septennat précédent _ sans oublier celui du calendrier de sa réalisation. (…)